Rencontre avec un survivant de Nagasaki

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Quand le passé rejoint le présent

Après deux jours à Paris et Drancy avec la classe de 1èreES3, nous étions à Auschwitz pour étudier ce lieu symbole de la Shoah et le hasard nous a fait rencontrer une autre page tragique de l’histoire de l’humanité : la bombe atomique et cela le jour même où le tsunami ravageait les côtes japonaises…
Dans le Centre de Dialogue d‘Oswiecim (nom polonais d’Auschwitz) où nous résidions se trouvaient sept survivants d’Hiroshima et Nagasaki qui étaient en Europe dans le cadre du Peace Boat pour témoigner de l’horreur de l’apocalypse nucléaire.

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Ce vendredi 11 mars, il n’était pas encore question des centrales nucléaires dévastées et de leurs fuites radioactives qui nous angoissent tant aujourd’hui mais d’un tsunami qui aurait fait quelques centaines de victimes (son ampleur n’était pas encore connue). La veille quand nous avions appris leur présence, Cathy May avait tout de suite réagi et organisé une entrevue avec l’un des survivants pour le lendemain soir. Le moment venu nous avons rencontré Hiroshi Suenaga accompagné d’une jeune interprète et la réunion s’est tenue en anglais. Hiroshi Suenaga nous a tout de suite surpris par son extraordinaire vitalité et la force de ses gestes et expressions corporelles, bien loin de l’impassibilité supposée des Japonais…

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Hiroshi Suenaga, 9 ans à l’époque, était avec sa grand-mère à trente kilomètres de Nagasaki ce 9 août 1945. Il aidait à préparer le déjeuner quand il a vu un avion américain seul dans le ciel bleu. Encore aujourd’hui, le visage d’Hiroshi se crispe lorsqu’il tend son doigt vers le ciel et sa voix devient inquiétante. La jeune volontaire américaine d’origine japonaise traduit « Il y a eu tout à coup un grand éclair et une lumière blanche. Je ne savais pas ce qui se passait. Un immense nuage noir s’est levé très haut dans le ciel et il a pris une forme de champignon ».

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Hiroshi Suenaga ne le sait pas encore. Après Hiroshima, Nagasaki n’est plus. Sa mère et ses sœurs sont là-bas, à quelques kilomètres de « Ground Zero » l’endroit où est tombée la bombe.
« Ma mère a vu cet éclair et s’est jetée au sol. Un immense souffle la balaye. Tout est calme. Elle se relève, autour d’elle, tout a disparu » La maman d’Hiroshi et ses sœurs ont de la chance : la maison familiale est derrière une colline, ce qui les a sauvées.
« Personne ne sait ce qui s’est passé, et tout le monde se réfugie dans un abri. Peu à peu arrivent des gens. Certains n’ont plus de cheveux et plus de vêtements. Ils sont brûlés. Ils sont tout rouges. On propose de l’eau à certains. Ils remercient, boivent une gorgée, déglutissent et tombent. Morts ». De 60 000 à 80 000 habitants périssent avec cette bombe au plutonium. « Seul 1,5 kilo a explosé. L’équivalent d’une balle de ping-pong » dit Hiroshi Suenaga. Six jours après, le Japon capitule.

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Mais la bombe n’a pas fini ses ravages. Tout est radioactif, sauf que la population ne le sait pas. Les gens se rendent là. Ce sont les Hibakusha, les “survivants”, les seuls humains à avoir connu une agression d’arme nucléaire. Ils errent dans les décombres de la ville sans savoir que les radiations vont les tuer à petit feu de cancers qui feront presque autant de victimes que l’explosion. Hiroshi Suenaga nous montre alors des photos où nous voyons les ruines de la ville le lendemain et les atroces brûlures d’un blessé qui survivra. Les élèves vont alors poser de nombreuses questions auxquelles il répondra sans détour. On aura ainsi confirmation que les deux villes ont été choisies car, sans intérêt militaire ou économique, elles avaient été épargnées des bombardements de l’aviation américaine sur le Japon… ce qui en faisait des lieux parfaits pour tester les résultats du feu nucléaire ! Il regrette également que le Japon n’ait jamais présenté d’excuse pour son action dans la guerre mais condamne tout aussi durement l’usage des bombes atomiques de l’été 45.

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Pendant toute la conférence, nous avons été littéralement subjugués par la force et l’énergie du témoin qui, pendant plus d’une heure, a capté toute notre attention. Nous nous sommes alors rendu compte de la puissance dévastatrice de l’arme nucléaire et de l’énergie qu’elle libère. Avec le recul et les nouvelles venues du Japon et de ses centrales, vous pouvez imaginer l’impact fait par Hiroshi Suenaga sur le groupe. Nous lui avons promis d’envoyer du lycée une lettre de remerciement pour le temps qu’il nous a accordé et pour tout ce qu’il nous a aidé à comprendre. La catastrophe qui touche en ce moment même le Japon rend ce courrier encore plus important et si certains lecteurs veulent se joindre à nous pour apporter leur soutien à Hiroshi Suenaga, ils sont les bienvenus.La classe de 1reES3 et ses enseignants (Cathy May, Michel Cuesta et Michel Cassinelli)
 

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