Reconstitution d'un procès des assises par deux classes de seconde

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AssisesLe jeudi 11 mars 2021, les classes de seconde 5 et 6 ont reconstitué un procès d'assises au théâtre du LFM.

Accompagnés dans ce "Projet Justice" par Stéphanie Acchiardo, professeur de SES et à l'initiative de ce projet, Laetitia Frot et Olivier Dournes, professeurs de français et Elise Doux, documentaliste, les élèves découvrent le système judiciaire et pénal français.
À partir d’un cas criminel réel, les élèves se sont répartis les différents rôles (avocats de la partie civile et de la défense, magistrat et jurés, procureur, journalistes), ont rédigé leurs contributions (réquisitoire, plaidoiries, questions à l’accusé et aux témoins, un verdict motivé et la narration du procès par les journalistes) et ont joué cette reconstitution sur la scène du théâtre.

Découvrez ci-dessous la reconstitution d'un procès inspiré d'un fait réel (les noms des protagonistes ont été modifiés).

Ce 11 septembre 2013, Ian Topa désactive l’alarme de sa boutique, baisse la grille métallique derrière lui et commence à sortir les bijoux pour commencer sa nouvelle journée de travail. À 8h52, nous entendons le fracas d’une porte qui vole en éclats sous les coups de pied d’un premier homme casqué, pendant qu’un autre pénètre à sa suite, casqué lui aussi et armé du fusil à pompe. Jérôme Poirier et Khaled Ramzi entrent tous les deux dans la boutique. Après, 2 minutes 47 secondes de violence défilent à base d'arme pointée, de cris, de coups au visage (l'enquête policière a montré qu’ils avaient été portés par Khaled Ramzy). Puis les braqueurs s’emparent du contenu du coffre de la boutique en tenant en joue le bijoutier, et prennent la fuite en scooter avec leur butin – des bijoux et 12 000 euros en espèces.
Ensuite, dans la séquence suivante, le bijoutier réapparaît ensuite seul à l’écran, marche très vite jusqu’à la porte de sa boutique en cachant une arme dans son dos. Le bijoutier met un de ses genoux à terre, observe pendant environ trois secondes ses agresseurs et fait feu à 8 h 52 et 35 secondes, 36 secondes et 37 secondes en direction du scooter qui démarre. Il abat le passager, Jérôme Poirier, d’une balle dans le dos tandis que son complice arrivait à s’échapper. Dix courtes secondes d’une autre violence qui montrent un tireur expérimenté.

“Le passé contrasté de Ian Topa”

Ian Topa naît en 1956, sous le soleil éclatant de Beyrouth, au Liban. Sa vie personnelle est assez méconnue, mais on sait qu’à 26 ans, dans la fleur de l’âge, Ian décide de s’engager dans une petite organisation armée, Ansar Sawra, une organisation pro-palestinienne combattant contre l’armée israélienne au Liban, en 1982.

C’est ainsi que pendant cette courte période de temps, il commença à apprendre à manier des armes létales, et appuyer sur la gâchette lorsque cela s’avérait nécessaire. Il déclare ainsi: “Oui j’ai déjà utilisé des armes au Liban, c’est normal”.
Puis il décide de fuir le pays pour retrouver une vie normale en France, en 1983. Depuis, il a vécu une vie normale, a payé ses impôts, s’est marié, a eu des enfants et est donc devenu un citoyen français exemplaire. C’est ainsi que même après le drame, il continue à payer le loyer de sa boutique. Pendant plusieurs années tout lui souriait, ses affaires allaient bien, il allait passer la boutique à l’aîné, quand, ce fameux jour du 11 septembre 2013, tout bascula.

“Jérôme Poirier, le jeune immature et influençable”

Né en 1994, Jérôme Poirier est le portrait parfait d’une dérive dans la société, et de l’impuissance pénale face au fléau des jeunes petits délinquants qui ne tirent aucune leçon de leur passé et de leurs condamnations. Son parcours scolaire est, à l’instar de son casier judiciaire, assez calamiteux. Il commet ainsi une dizaine d’infractions et est même condamné, en étant mineur, à 18 mois de prison ferme, ce qui pourrait en dire long sur sa personnalité.
Pourtant, sa sœur déclare qu’ils sont une famille unie et inséparable, mais que Jérôme était toujours celui qui résistait, qui ne se “soumettait” pas : “On est une famille unie. [...] on a été élevé avec des principes. [...] Mais Jérôme c’était le rebelle.”
De l’autre côté, un expert psychiatre affirmait 3 ans avant le drame: “C’est un garçon de 17 ans avec le psychisme d’un enfant, immature et influençable [...]”

“Que se passera-t-il après cette affaire?”

Cette affaire criminelle créé un véritable débat de société. Certains restent attachés à un certain humanisme des peines et Ian Topa leur paraît un héros, pour d'autres il s'agit simplement d'un criminel. C’est ainsi que la confusion entre légitime défense et meurtre s’installe.

L’affaire est devenue un enjeu politique. Dans les jours qui ont suivi le braquage de la bijouterie et la mort de Jérôme, une manifestation a été organisée en faveur du bijoutier Ian Topa. De même, la chambre syndicale des bijoutiers et joailliers est parvenue à recueillir plus d’un million de signatures après la diffusion sur Facebook d’une pétition favorable au commerçant. Cet homme de 67 ans compte également le soutien de personnalités politiques de droite et d’extrême-droite.

L'opinion publique semble avoir déjà rendu son verdict sans enquête et sans procès et elle exerce une pression considérable sur la justice. Cependant, la justice n'est ni Facebook, ni l'opinion publique. Il faut savoir que tirer avec une arme à feu face à un simple coup de poing n'est pas un cas de légitime défense. La riposte doit intervenir au moment de l'agression et non après. Donc, tuer un voleur, tel que Jérôme, qui fuit après son délit n'est pas un cas de légitime défense. Dans tous les cas, la justice reste libre de déterminer si l’acte de Ian Topa relève ou non de la légitime défense. Pour Ian Topa, l'opinion publique paraît son seul argument et ses 30 prochaines années sont mises en jeu.
Mais, est-ce un problème de notre justice ? Ou est-ce que ce genre d’actes devrait être permis dans la société française ?

Est-ce tuer la meilleure solution ? Est-ce commettre un vol le mieux pour assurer un futur à sa fille ? Certains pointeront du doigt Jérôme, d’autres Ian Topa...
On a su clairement à travers les manifestations que le public était contre Jérôme, le jeune délinquant qui ne voulait que se tailler un futur. Mais est-ce vraiment juste ? Tourner le dos à un garçon de 19 ans qui apprenait un matin sa future paternité ?
L’avocat de la défense assurait lui que cela pourrait être considéré comme légitime défense puisque Ian avait été “menacé” par Jérôme lorsque les deux braqueurs essayaient de fuir avec les bijoux. L’affirmation de Ian Topa pourrait se voir fragilisée par la constatation médico-légale qui déclare que Jérôme Poirier est mort d’une balle qui l’a atteint dans le dos, au niveau de l’omoplate droite, cela nous indique qu’il était de dos, donc avons-nous affaire à un menteur ? Nous, nous avons une certitude, tirer 3 fois de suite avec un pistolet de calibre 7.65 aussi dit une arme mortelle sans aucune menace est considéré d’après l’article 221-1 du Code pénal comme “Le fait de donner volontairement à autrui consititue un meurtre. Il est puni de trente ans de réclusion criminelle”. Mais cette action pourrait-elle être influencée par le choc des braqueurs ?

“Un verdict d’apaisement”

Après 40 minutes de délibérés, les jurés, pris au hasard parmi le public, ont condamné Ian Topa à 2 ans de réclusion criminelle pour “violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner”. Le jury a donc logiquement écarté la légitime défense mais également l’homicide volontaire suite à un procès marqué par l’intervention de témoins de l’affaire et de proches de la victime, ainsi que par les débats passionnels entre les différents acteurs du procès, où la tension était à son comble.

Article rédigé par l’équipe de journalistes des secondes 5 et 6

 

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